
Pour qui ?
Tout le monde !
Dès le collège, SAVANTES ?! intéressera le tout public à
différents niveaux.
D’abord, pour tous et toutes, on y apprend des faits historiques
peu racontés au sein des programmes : l’histoire des oublié.e.s
de la science.
Ensuite, tous ces parcours individuels racontent la grande
histoire de l’émancipation, et pour les plus jeunes, donnent des
pistes, des leviers pour se défendre soi, trouver des arguments,
faire fi des peurs et des doutes.
Enfin, à la fin de chaque représentation, une
discussion peut être menée avec les artistes,
modulable selon les publics :
Échanges
Discussions sur certains concepts comme l’intuition scientifique, la discrimination, la mixité, l’égalité homme/femme
Réflexions
Discussions et débats sur l’orientation professionnelle. Comment choisit-on son
métier ? L’influence des parents ? De la société ?
Pourquoi Savantes !?
Aux assises des mathématiques de 2022 le ministre de l’Éducation Nationale fixait comme objectif d’atteindre la parité dans les spécialités scientifiques en 2027. Ces dernières années, on observe un recul du nombre des filles qui s’engagent dans les filières scientifiques. Pourtant, la société d’aujourd’hui a pris conscience de l’inégalité femmes/hommes dans beaucoup de domaines : sciences, arts, politique et si les campagnes d’information, d’incitation se multiplient (ce dont on se réjouit, bien sûr) les préjugés, les frilosités et les réflexes ont la vie dure.
En temps de crise, les filles ont tendance à replier leurs audaces et se « rabattre » vers des secteurs où elles seront sûres d’obtenir des résultats. C’est donc dès la fin de la primaire qu’il faut dire aux filles comme aux garçons :
« Rien ne vous est interdit. D’autres avant vous ont lutté
contre des sociétés plus fermées, plus sexistes voire racistes
et ont vaincu les obstacles. »


Distribution
mise en scène pour comédiennes et marionnettes,
création des marionnettes
Bérengère Gilberton
texte
Agnès Marietta
interprétation, manipulation
Bérengère Gilberton, Hélène Guichard
création accessoires
Maud Alessandrini
L'histoire
Nous sommes dans l’Antre de la Science, au lieu originel de l’Intelligence humaine.
Quintescience, incarnée par Bérengère Gilberton, esprit créateur de la science, s’apprête à annoncer au Grand Congrès des Esprits Créateurs la résolution qu’elle a prise : modifier le cerveau des femmes pour qu’elles n’aient plus accès à la science.
Pourquoi ? Pour en finir une fois pour toutes avec le problème de l’inégalité femmes/hommes dans la science. Le nombre de filles dans les filières scientifiques ne progresse pas suffisamment, trop de femmes restent dans l’ombre ou au service de directeurs de
recherche, sans parler des nombreux pays où les filles ne vont pas à l’école. Ce constat la met hors d’elle.
Quand Quintescience comprend que les femmes n’ont pas été les seules à être écartées, sa fureur contre l’humanité prend une autre ampleur et elle décide de décérébrer hommes et femmes sans distinction, faire table rase en quelque sorte pour tout recommencer. Heureusement dans ce monde imaginaire, il existe des contre-pouvoirs et Quintescience est arrêtée avant de commettre l’irréparable
Savantissime, incarnée par Hélène Guichard longtemps Assistantissime de Quintescience, entend bien lui barrer le chemin.
Entre ces deux figures imaginaires de la science, un combat s’engage. Pour étayer leurs arguments, elles font
apparaître des femmes scientifiques -Vera Rubin, Rosalind Franklin, Jocelyn Bell et d’autres – qui témoignent de ce qu’elles ont vécu.
Scénographie
Un univers fantastique
aux couleurs Jules-Verniennes
L’ intention de Bérengère Gilberton était d’embarquer le public dans un univers fantastique, une véritable et foisonnante boîte à images. Elle voulait donc s’adresser aux jeunes par le biais d’un monde en miroir du nôtre mais où toutes les interrogations philosophiques sont possibles. Un micro-univers teinté de poésie visuelle et délimité par une paillasse de laboratoire. Des accessoires accrochés comme des extensions dans un style « steampunk ». Cette esthétique rétro futuriste qui a l’avantage d’être ancienne et moderne, atemporelle.
Le Castelet-Paillasse
Ce qu’on lit en sous-texte dans la pièce d’Agnès Marietta, c’est la passion de tous ces chercheurs/chercheuses pour la recherche. Ils/elles y ont consacré leurs vies, se sont abîmées parfois la santé (Marie Curie, Rosalind Franklin) pour venir à bout de leur intuition.
En les écoutant, on devine qu’ils/elles n’auraient pas pu faire un autre métier ou renoncer, alors que toute la société les écartait de ce domaine. Au cours de ma résidence, je me suis mise moi aussi à expérimenter avec les classes et ai ressenti ce plaisir de s’emparer de la matière, éprouver, observer, attendre et découvrir. La recherche est un émerveillement.
Les (marionnettes) scientifiques sont en action, au travail, niché.e.sdans cette paillasse comme dans leur abri, leur atelier, leur lieu perpétuel d’expérimentation.
La paillasse représente l’antre de la science, atemporelle, la chaire de Quintescience, son lieu de pouvoir et peut très vite devenir laboratoire, forêt, observatoire.
Pour des raisons pratiques elle offre un castelet simple et pratique pour faire apparaître et disparaitre les 17 personnages marionnettiques. Comme dans les émissions télévisées de Jim Henson (créateur du Muppets show) ce dispositif permet une rapidité de jeu pour les marionnettes et les acteurs et rend possible les joutes d’arguments.
Les Accessoires-Castelet
Bérengère Gilberton a demandé à Maud Alessandrini de construire des accessoires : un télescope pour Vera Rubin, une radio pour Rosalind Franklin, une loupe pour Charles-Henry Turner, ou encore une tonne de Pechblende pour Marie Curie.
Les accessoires fonctionnent comme des castelets. Les marionnettes grimpent dessus, se les approprient, font corps avec ces symboles des recherches scientifiques.


L'enjeu féministe de Savantes ?!
Ce sont deux féministes convaincues qui dialoguent. Il ne s’agit pas de débattre sur la capacité des femmes à être savantes. Au contraire, l’égalité neurologique des femmes avec les hommes est admise du début à la fin comme un point dont on ne discute pas. De cette façon, la pièce ne donne pas à entendre des propos sexistes qui sont encore (trop) largement répandus.
Ce qui oppose Quintescience et Savantissime sont les conclusions qu’elles tirent du constat que la société a du mal à évoluer.
Pour l’une, Quintescience, l’humanité ne changera jamais. Il faut tout détruire et tout recommencer.
Pour l’autre, Savantissime, les mentalités évoluent et il faut faire confiance à cette humanité qui tire des leçons du passé.
Il m’a paru essentiel d’ajouter une dimension intersectionnelle à leur réflexion :
• Est-ce que les femmes sont les seules à avoir subi des injustices ?
• Est-ce que le vécu des femmes oubliées de la science ne montre pas qu’elles se sont butées à un dysfonctionnement global d’une société qui encourage davantage la rivalité plutôt que la solidarité ?
• Ne doit-on pas remettre en question les mécaniques de pouvoir auxquelles n’échappe pas Quintescience qui se croit autorisée à intervenir sur le cerveau humain ?

L’inégalité femmes/hommes est symptomatique d’un système de pensée fondé sur la compétition, la valorisation du plus fort qui a pour conséquence de favoriser la triche, l’opportunisme et l’ambition aveugle.
Savantissime au cours de sa démonstration expose les leviers d’émancipation : l’éducation, la discrimination positive et la sororité. Ainsi elle démontre qu’il appartient à chacun et chacune de faire évoluer les mentalités.
La radicalité de Quintescience provient d’une fatigue ressentie par tout.e militant.e féministe ou écologiste face au spectacle que l’humanité donne jour après jour : injustices, crise climatique, prolifération des armes. Mais Savantissime remet la clé de l’avenir à la responsabilité de chacun et chacune.